Dans une lettre ouverte publiée le 11 décembre 2025 dans La Tribune, six musées estriens dénoncent le sous-financement chronique du réseau muséal. Le Musée Beaulne de Coaticook affirme être sous-financé depuis beaucoup trop longtemps. M. François Thierry Toé, directeur et conservateur du Musée Beaulne, rappelle que l’aide au fonctionnement n’a augmenté que de 5 % en quatorze ans, bien loin de couvrir l’inflation.

Le musée aurait actuellement besoin de deux employés supplémentaires, un besoin auquel il est incapable de répondre. Il compte présentement deux employés à temps plein et deux à temps partiel. Heureusement, le musée peut compter sur l’aide de bénévoles; toutefois, ceux-ci offrent évidemment le temps qu’ils ont, parfois de façon spontanée, ce qui complique la gestion de projets à plus long terme. Le musée peine à absorber la hausse des coûts, tant pour le personnel que pour l’entretien du bâtiment et le montage des expositions, ce qui a nécessairement des conséquences sur la qualité des expositions qui peuvent y être présentées.

La gestion des archives devient particulièrement critique. Sans archiviste, le musée ne peut pas mettre en valeur des objets faisant partie de l’histoire locale. Il ne s’agit pas seulement de les présenter, mais aussi de les identifier correctement et de les entreposer selon une logique cohérente afin d’assurer leur préservation pour les générations à venir. C’est donc une partie de l’histoire léguée aux futurs habitants de la ville qui risque de se perdre.

L’organisation ne reste toutefois pas les bras croisés : elle tente tant bien que mal d’aller chercher du financement par elle-même grâce à des campagnes de financement. « On ne fait pas que demander de l’argent, on apporte quelque chose en retour à la société, tant par notre mission éducative que par notre rôle de conservation du patrimoine ou encore notre mission touristique », explique M. Toé.

Dans La Tribune, le Musée des beaux-arts de Sherbrooke affirme que Québec ne couvre qu’environ 25 % de son budget. Les musées déplorent également la fin des dimanches gratuits, une décision qui aurait réduit l’accès du public ainsi que leurs revenus. La Société des musées du Québec réclame 12,5 millions de dollars — soit 0,01 % du budget provincial — pour maintenir les institutions à flot. Le ministère soutient pour sa part avoir versé 2,3 millions aux musées de l’Estrie, dans une enveloppe nationale de 80 millions.