Cet été, le boycott des produits américains a fait parler de lui lors des BBQ et des rassemblements entre amis. Si cette tendance a surtout été marquée au printemps et au début de l’été 2025, l’intérêt pour les produits québécois et canadiens reste fort, chez les trois commerçants consultés. Selon eux, le rapport qualité-prix reste le principal facteur influençant les choix des consommateurs.

Le 15 octobre dernier, le Conseil québécois du commerce de détail (CQCD) a publié des données confirmant cette tendance : 85 % des Québécois continuent de délaisser les produits américains, tandis que 87 % se tournent vers des marques locales. De plus, 80 % des consommateurs privilégient désormais les commerces de proximité. Cette orientation s’explique en grande partie par la perception d’une meilleure qualité des produits locaux, un avis partagé par 88 % des répondants au sondage du CQCD. Le service après-vente, les interactions humaines et les préoccupations environnementales sont également des facteurs influents selon le CQCD.

Nous avons tenté d’en apprendre davantage sur les habitudes de consommation des citoyens de Coaticook en discutant avec les épiciers du centre-ville.

Le point de vue du IGA de Coaticook

Le propriétaire du IGA de Coaticook, Dominik Arsenault, constate que le boycott des produits américains s’estompe avec le temps (novembre, 2025). Il a noté une baisse des achats de produits américains, surtout au printemps et au début de l’été, notamment pour les fruits et légumes en provenance des États-Unis. Les produits locaux et québécois n’étaient pas toujours suffisants pour répondre à la demande, obligeant l’épicerie à continuer d’offrir certains aliments américains.

Même avant le mouvement de boycott du printemps dernier, le ketchup French, produit canadien, avait déjà suscité de l’intérêt après l’annonce de la fermeture par Heinz de certaines usines en Ontario, notamment celle de Leamington en 2014.

Pour certains produits, comme la laitue romaine ou la laitue iceberg, il n’existe pas d’équivalent local ou national capable de répondre à la demande, et les États-Unis restent la seule source pour ces légumes. Les agrumes, eux, proviennent davantage d’Afrique du Sud ou d’Espagne.

Selon M. Arsenault, les décisions concernant l’approvisionnement dépendent aussi des fournisseurs en amont. À prix équivalent, les épiciers ont demandé à privilégier les produits provenant de l’extérieur des États-Unis. Les grandes enseignes canadiennes, telles que Sobeys, Loblaws et Metro, sont conscientes de l’importance de soutenir les produits locaux. Selon le propriétaire, elles n’ont fait que renforcer une pratique d’achat local et national déjà existante plutôt que de modifier leur fonctionnement.

Le IGA de Coaticook a également pris des mesures pour bien informer sa clientèle sur les produits québécois et canadiens. Les étiquettes électroniques affichent le logo Aliments du Québec, et un projet pilote ajoute des cartons bleus autour des produits locaux pour les rendre plus visibles. M. Arsenault rappelle que l’entreprise a toujours été proactive dans la mise en valeur des produits du terroir et régionaux, notamment en collaboration avec Créateurs de saveurs. Il souligne également que son père, ancien propriétaire, avait déjà instauré cette démarche en priorisant d’abord les produits de la MRC de Coaticook, puis de l’Estrie, du Québec, et enfin du Canada.

Au commerce Légufruits

Le Légufruit n’a pas été affecté par le boycottage des produits américains, explique Stéphane Boisvert, propriétaire depuis 2021. Selon lui, très peu de produits américains entrent dans le commerce durant l’été et l’automne. Comme l’ont aussi mentionné d’autres propriétaires, c’est surtout le prix qui influence les choix des consommateurs.

Depuis l’Action de grâce seulement, le commerce a recommencé à acheter davantage d’aliments étrangers, comme le céleri, le chou-fleur et le brocoli. Le fournisseur évite d’ailleurs de sélectionner des aliments américains, une volonté partagée par les épiciers. Si certains produits venaient autrefois des États-Unis, ils sont maintenant remplacés en grande partie par des produits mexicains, souvent moins coûteux. M. Boisvert ignore pourquoi ces produits n’étaient pas davantage privilégiés auparavant.

En été, par exemple, le commerçant refuse de mettre des fraises importées sur ses tablettes, même si leur prix est plus bas. Lorsque l’approvisionnement local est impossible, l’entreprise se tourne d’abord vers l’Ontario ou le reste du Canada, puis vers l’étranger en dernier recours. Pour les concombres anglais et les tomates, l’Ontario demeurait la principale source lorsque les maraîchers locaux ne pouvait pas répondre à la demande.

Comme le mentionnait plus tôt M. Arsenault, M. Boisvert confirme que l’approvisionnement en laitue, même au niveau national, reste un défi. Elle provient généralement des États-Unis, aucun autre pays n’étant en mesure d’en fournir à la même échelle.

La perspective de Super C

Notre demande d’entrevue téléphonique avec Super C a été refusée, mais l’entreprise a répondu par courriel concernant la vente de produits américains. Super C ne dispose pas de données par magasin et ne peut donc pas commenter la situation spécifique au magasin de Coaticook. Néanmoins, l’enseigne affirme que l’intérêt pour les produits québécois et canadiens demeure fort dans l’ensemble de ses bannières, surtout lorsqu’une alternative locale intéressante est disponible.

Grâce à une meilleure identification des produits du Québec et du Canada en tablette et sur leurs plateformes, les clients peuvent plus facilement repérer ces options et faire des choix correspondant à leurs valeurs, à leur budget et à leurs préférences. Selon Super C, les consommateurs privilégient avant tout le meilleur rapport qualité-prix, et un produit en promotion tend souvent à l’emporter dans la décision d’achat, peu importe son pays d’origine.

Voici les identifications qui ont été ajoutées aux produits québécois et canadiens.

Photos : Claudia Ferland